Christophe, c’est quand que tu fabrique toi aussi un clavier euh… omnipoint?

On m’a posé plusieurs fois cette question et je me suis donc débrouillé pour trouver un échantillon du fameux switch omnipoint en question.

Alors pour commencer, sachez que ce n’est pas un switch de Steelseries mais de Gateron.

Gateron invente le switch, Steelseries signe un contrat d’exclusivité pendant une certaine durée et le rebrand en y accolant son propre logo.

Ah tu ne peux pas en avoir donc?

Pour l’instant, non. Mais j’ai quand même un échantillon.

Cool. Fait voir?

Tadaaaaaaaaa

C’est un switch linéaire. Le plongeur est réalisé en POM, ce qui est assez classique. Le POM est un polymère particulièrement résistant à l’usure et offre un coefficient de frottement très faible.

La coque supérieure du switch semble être en polycarbonate pour résister aux chocs répétés. Ce qui serait encore une fois un choix judicieux dans la mesure où c’est la partie supérieure qui se prend le plus de coups.

Quand à la base, je vais essayer de ne pas trop aller me perdre en conjecture diverse, je n’en sais rien.

Cependant, je peux émettre une critique : la coque inférieure est opaque. Comme résultat, le switch ne laisse pas vraiment passer la lumière de l’éclairage RGB.

Cette difficulté technique à été contournée en utilisant un bulbe conducteur de lumière. Je pense sincèrement qu’un design plus intelligent permettrait d’outrepasser cette complexification inutile.

SteelSeries launches new Apex keyboards with adjustable actuation height |  bit-tech.net
Source : bit-tech

La structure du switch est d’une simplicité enfantine pourtant la glisse est extraordinaire.

Un switch magnétique désassembé

L’interrupteur “omnipoint” se dote d’un nombre de pièces assez réduit.

Comme vous pouvez le voir, le plongeur est lubrifié. Je ne vais pas aller faire de supposition hasardeuse sur le type de lubrifiant. Cependant, ça explique la glisse et le silence du switch.

Cool et le switch fonctionne comment?

Le principe de fonctionnement est simple, il se base sur l’effet Hall. Pour faire court, l’aimant a un champ magnétique.

Ce champ magnétique va influencer le passage du courant électrique dessous. Quand vous appuyez / relâchez la touche, l’aimant se rapproche/s’éloigne du circuit et donc influence différemment le courant.

Ainsi, en mesurant l’influence du champ magnétique sur le courant, on peut en déduire la position de l’aimant.

Et c’est aussi de cette manière qu’on fait un switch avec une activation réglable.

On sait exactement où se situe le switch en mesurant l’interférence dû au champ magnétique, on peut donc aussi décider à partir de quelle valeur on considère la frappe comme active.

Il en résulte donc la possibilité de régler la hauteur d’activation de la touche.

Et est ce que c’est meilleur qu’un clavier mécanique classique?

Honnêtement oui et non.

Oui, il n’ y a pas de debounce, il n’ y a pas de contacteurs en métal, ce qui donne une glisse plus douce.

La fiabilité est meilleure car il n’ y a pas d’usure possible. On peut aussi personnaliser la hauteur d’activation et en faire un clavier analogique.

Les implications sont énormes…

  • Mais il faut aussi considérer que ce genre de technos n’est valable que pour les switches linéaires. Par exemple, si on en fait un switch tactile, en fonction du réglage, le retour tactile ne correspondra plus du tout à l’activation du switch.
  • Le fait de lubrifier d’usine le switch à un coût énorme, ce qui explique pourquoi Steelseries n’a utilisé ce genre de switches que sur les touches principales. C’est à dire que la rangée de F1 à F12, le pavé numérique, les touches fléchées etc etc ne profitent pas de cette technologie. Dommage au vue du prix du clavier.
  • L’électronique en dessous est particulièrement complexe, dans la mesure où il faut un capteur sous chaque interrupteur. Et donc il y a sans doute un important multiplexage dans l’histoire. Ce qui nous fait revenir au point précédent : seuls les touches principales en profitent.
  • Pour les switches standards, il est aussi possible de faire des switches à distance d’activation faible (comme les Cherry MX Speed ) L’argument du plus rapide est selon moi, biaisé.
  • Il faut aussi noter que les options sont limités, côté personnalisation. Comme les brevets sont détenus par Gateron, et que le design est sans doute unique à Gateron, il n’est pas du tout possible de se choisir des switches pour customiser son clavier.

Conclusion : C’est un bon switch, avec une glisse vraiment impeccable. Cependant, même si cette technologie à l’air “à priori” révolutionnaire, on se rend compte qu’elle a ses propres limitations. Bref, sur le court terme, ne comptez pas sur moi pour en développer un clavier dessus. (Même si c’est pas l’envie qui me manque, j’adore faire joujou avec des nouveaux trucs. )

Laisser un commentaire